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2 octobre 2012 2 02 /10 /octobre /2012 21:55

Après un long silence faute de temps à consacrer à ce blog, voici l'article prévu sur le coût de l'électricité éolienne. Les chiffres cités dans cet article sont issus d'un rapport publié en mars 2009 par l'Association européenne de l'énergie éolienne. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un lobby industriel et économique pour la promotion de l'énergie éolienne. On peut donc s'attendre à ce que les chiffres annoncés soient biaisés en faveur de cette source d'énergie. Néanmoins, comme un peu plus de trois ans de progrès techniques se sont écoulés depuis ce rapport (progrès dans le rendement des éoliennes liés à l'augmentation de leur puissance, abaissement des coûts de production lié à des économies d'échelle avec une augmentation des installations de fermes éoliennes), ils sont sans doute assez proche de la réalité de la fin 2012.

 

Le coût de l'électricité éolienne est constitué de deux parts distinctes. D'une part des coûts d'investissement, qui constitue la majeure partie du coût global, d'autre part des coûts d'opération et de maintenance très minoritaire. On peut déjà voir ici une très grosse différence avec la production d'électricité thermique (à partir de gaz naturel, de pétrole ou de charbon), pour laquelle le coût final dépend en très grande partie de celui de la matière première utilisée.

Pour les seconds, ils sont estimés à 1,2 c€ à 1,5 c€ par kWh sur la durée de vie de la turbine (le coût du kWh pour un particulier en France est grosso modo de 10 c€). Pour les premiers, le coût moyen d'installation d'une turbine (d'une puissance de 2 MW, qui constitue aujourd'hui une puissance « moyenne ») est d'environ 1230€/MW, dont un peu plus de 900 000€ pour la turbine elle-même, 100 000€ pour sa connexion au réseau, 80 000€ pour le gros œuvre, 50 000€ pour le foncier, le reste se répartissant entre la construction d'une route ou d'un chemin, le système de contrôle, les coûts financiers, …

La figure suivante montre le coût du kWh éolien, pour une turbine dont le coût d'installation serait de 1 100€/kW ou de 1 400€/kW, en fonction de son lieu d'utilisation (full load hour per yearou « heures en pleine charge par an » est une unité correspondant au nombre d'heures durant lesquelles la turbine devrait tourner à pleine puissance pour produire l'équivalent de ce qu'elle produit réellement en un an. Ainsi dans une zone peu venteuse, elle produit en un an l'équivalent de sa production théorique à 1700 heures à pleine puissance, en zone côtière l'équivalent de 2700 heures, ce qui réduit d'autant le coût au kWh). En choisissant bien les zones d'implantation, on arrive donc à des coûts au kWh de l'ordre de 7 c€.

 

cout eolien

 

 

Avec l'augmentation de puissance des turbines et l'augmentation des puissances installées (effet d'échelle), le coût diminue avec le temps, et une étude concernant l'éolien au Danemark (pays relativement avancé en la matière) à montré que jusqu'ici le coût du kWh diminue d'environ 10% lorsque la puissance installée double.

 

 

Comme on peut aisément le constater, lorsque l'on parle de gros éolien situé dans des lieux bien choisis, l'électricité éolienne est d'ores et déjà pratiquement compétitive, avec des coûts qui ne sont que peu supérieurs à ceux du thermique (je préfère ne pas comparer à ceux du nucléaire tant il est difficile d'estimer des coûts réels, incluant le démantèlement des centrales en fin de vie, pour ces derniers), et très nettement inférieurs à ceux du solaire photovoltaïque ou du solaire thermique.

 

Cependant, plusieurs facteurs ne sont pas inclus dans ce calcul, facteurs qui sont en faveurs de l'éolien :

Premièrement, le coût de la tonne de CO2évitée n'est pas pris en compte. Certes l'éolien est une énergie intermittente par nature, et un des arguments avancés par ses détracteurs est qu'il nécessiterait une augmentation du recours aux centrales thermiques (gaz ou charbon) pour compenser ce caractère intermittent. Cependant, cet argument part du principe que nous resterions dans une production et une gestion centralisée, et fait fi des progrès déjà fait (et à venir) dans le domaine des smart grids (réseaux intelligents) : si l'intermittence est réelle à l'échelle d'un parc éolien, voire d'une région, elle n'est plus un problème à l'échelle d'un ensemble de régions interconnecté pour lequel la production à un instant t doit s'approcher de la production moyenne. D'après l'Agence Internationale de l’Énergie, un coût de la tonne de CO2de 10€ augmente le coût du kWh issu du charbon de 1 c€, et celui du gaz de 0,5 c€. Sachant que lors des discussions sur la mise en place de la taxe carbone, le coût envisagé était de 25€ la tonne, et que les experts estiment qu'il devrait augmenter jusqu'à au moins 100€ la tonne pour espérer que ce prix soit suffisamment incitatif pour investir dans la réduction des émissions, on voit immédiatement qu'un coût incluant les émissions de CO2serait très défavorable au thermique.

 

Deuxièmement, ce qui est plus important pour nos économies européenne en cette période de crise, la production d'électricité éolienne contribue à affranchir nos économies de leur dépendance aux ressources fossiles importées. En moyenne sur ces dernières années, l'Europe dans son ensemble a importé plus de 400 milliards d'euros par an de pétrole, gaz ou charbon. Si une part importante est utilisée dans les transports et n'est pas directement substituable par l'éolien, une autre part, importante elle aussi, est utilisée pour la production d'électricité dans des centrales thermiques (ce qui constitue pour parler clairement une utilisation particulièrement stupide de ces ressources, gâchées par des rendements très mauvais plutôt que d'être économisées pour des applications pour lesquelles rien ne peut raisonnablement les remplacer). Au contraire, la plus grande part des montants investis dans l'éolien circulent à l'intérieur des frontières européenneset pas vers l'extérieur, avec tout que cela sous-tend en terme d'emploi.

 

Troisièmement, si l'éolien est actuellement légèrement plus cher que la production des centrales thermiques, il permet de s'affranchir de la volatilité des prix du gaz, du charbon et du pétrole. En effet puisque la plus grande partie du coût de l'éolien est liée à la fabrication et à l'installation de la turbine, le coût de production est stable à long terme, contrairement à celui des centrales thermiques, pour lequel plus de 50% des coûts dépend du prix des combustibles fossiles, très volatils.

 

La figure suivante montre une comparaison des coûts du kWh éolien, gaz et charbon (prix 2009), et l'effet qu'aurait une « taxe carbone » à 25€ la tonne de CO2.

 

comparaison eolien gaz charbon

 

 

Sachant que le coût de l'éolien devrait plutôt diminuer, celui du gaz et du charbon augmenter...

 

Évidemment je n'ai pas parlé ici des coûts supplémentaires d'infrastructure qu'induirait une pénétration importante de l'éolien, sur les réseaux de distribution et leur gestion (voir le rapport complet) de manière à palier l'intermittence par une plus forte interconnexion du réseau. Néanmoins, ils ne contrebalancent pas les avantages de long terme de cette source d'énergie (ils ont été estimés en Allemagne à moins d'un c€ par kWh dans les hypothèses les plus défavorables), qui évidemment ne peut pas à elle seule répondre à la totalité de nos besoins, mais qui devrait raisonnablement pouvoir en représenter 10-20%.

 

En conclusion, même si l'on suppose ces chiffres légèrement biaisés, il est très clair que le déploiement à grande échelle de l'éolien n'est pas un problème de coût, mais de choix de société (à ceux qui pensent qu'une éolienne défigure le paysage, j'aimerais qu'ils me disent quelle opinion ils ont d'une centrale thermique...).

 

 

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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 21:34

Contrairement à ce que pourrait laisser penser le titre de cet article, je ne vais pas parler ici des pays leaders dans la production d'éolienne (sempiternel discours sur la Chine "atelier du monde") mais bien des pays producteur d'électricité éolienne.

 

Le Global Wind Energy Council (sorte de club / lobby mondial de l'éolien) a publié il y a quelques semaines ses statistiques 2011 sur la production d'électricité d'origine éolienne dans le monde, et on peut en tirer quelques enseignements intéressant, et qui vont à l'encontre de quelques idées reçues.

 

puissance eolienne totale 2011

 

Comme le montre la figure de droite, si la Chine est effectivement un gros producteur d'éoliennes, elle est surtout un gros producteur, le plus gros producteur mondial, d'électricité d'origine éolienne, avec une part de 26,3% (plus du quart à elle seule) des 238 GW de puissance électrique d'origine éolienne installée dans le monde (chiffres à la fin décembre 2011, et qui rapporté à la production moyenne d'une éolienne sur une année, correspondent grosso modo à une cinquantaine de réacteurs nucléaires). La position de la France ? Un médiocre 2,9% du total loin derrière... l'Inde !! (6.7%) et très loin derrière l'Allemagne, leader européen avec 12.2%. A noter le bon classement de l'Espagne, qui a su développer une industrie de production d'éolienne dynamique, comme quoi on peut allier économie et écologie.

 

 

Certes, mais avec le Grenelle de l'environnement, me direz-vous, la France va certainement progresser dans le prochain classement !

 

ou pas...

 

 

puissance eolienne installe 2011La figure de gauche montre la répartition mondiale de la puissance installée au cours de l'année 2011. Les résultats sont encore plus tranchés, avec presque la moitié (44%) des 41 GW installée qui l'ont été en Chine ! Non seulement cette dernière est leader pour ce qui est de la puissance installée totale, mais c'est également le pays pour lequel cette puissance progresse le plus vite. De là à parler de la Chine comme une puissance "verte", il n'y a qu'un pas, qui correspond bien au tournant que les dirigeants chinois semblent vouloir donner au pays depuis 2 ou 3 ans. Et la France dans tout ça ? Elle arrive péniblement au 9e rang (2%, loin derrière son rang de "6e puissance économique mondiale, et en baisse marquée par rapport à 2010) précédant de peu la Suède (1.9%) à peu près 7 fois moins peuplée. Et très loin derrière l'Inde (7%) ou l'Allemagne (5%) là encore leader européen. Grenelle de l'environnement ou pas, encore beaucoup de chemin à faire en France avant que les éoliennes ne "défigurent le paysage", contrairement à ce que voudraient faire croire les détracteurs de cette technologie. (au passage, je pense écrire prochainement un article sur les coûts de l'électricité éolienne, pour lesquels là encore on peut constater beaucoup de désinformation).

 

En résumé, pour la France on peut parler de Grenelle de l'environnement, de croissance verte ou de production d'électricité renouvelable, ça reste encore très virtuel (ou pipeau, pour user d'un terme un peu moins diplomate) par rapport à de nombreux autres pays dans le monde. Et si la Chine fait reposer en très grande partie sa croissance actuelle sur le charbon, on voit qu'elle commence à se tourner fortement vers l'après énergies fossiles.

 

 

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20 juin 2011 1 20 /06 /juin /2011 21:01

repartition sources energie 2010En 2009, la consommation mondiale d'énergie, et notamment d'énergies fossiles, avait diminué du fait de la crise économique pour la première fois depuis le second choc pétrolier. Selon les statistiques annuelles publiées par BP au début du mois de juin, cette consommation est repartie à la hausse, conformément à sa tendance de long terme (rapport disponible ici) et en faisant plus qu'effacer totalement la baisse de 2009. La hausse a été de 5.6% par rapport à 2009, ce qui constitue la croissance la plus rapide d'une année à l'autre depuis 1973, pour atteindre le chiffre de ... 12 milliards de tep (tonne équivalent pétrole). Pour la Chine, la hausse a même dépassé les 11%, faisant de la Chine le plus gros consommateur d'énergie devant les USA.

 

Dans le détail, la majeure partie de cette hausse est le fait des énergies fossiles (ce qui constitue une mauvaise nouvelle de plus sur le front de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre), avec +3.1% pour le pétrole (qui reste la source d'énergie la plus importante à l'échelle mondiale), +7.4% pour le gaz naturel (avec +5.6% pour les USA qui dépassent leur record de consommation), et +7.6% pour le charbon, porté principalement par la demande chinoise (la Chine représente à elle seule près de la moitié de la consommation mondiale de charbon, principalement pour la production d'électricité). Pour ce qui est des énergies renouvelables (hors hydroélectricité), elles ne dépassent toujours pas 2% de la consommation mondiale...

 

 

articles liés : projections 2010 de l'EIA : vers une forte hausse des émissions de CO2

 

 

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 14:17

J'avais déjà évoqué dans d'autres articles le biais statistique que constitue le fait de ne pas prendre en compte les importations et exportations dans les bilans des émissions de gaz à effet de serre de chaque pays. C'est ce biais statistique qui conduit notamment à faire de la Chine le plus gros émetteur de CO2 devant les USA, et à voir des baisses d'émissions là où elles augmentent en réalité.

 

Dans un article à paraître dans les Comptes-rendus de l'Académie des Sciences des USA (PNAS, disponible en ligne en suivant ce lien), une équipe de chercheurs Norvégiens, Allemands et Américains ont tenté d'intégrer les flux de CO2 contenus dans les échanges internationaux de marchandises dans les émissions de gaz à effet de serre par pays, sur une période d'un peu moins de 20 ans. Même si leur étude a concerné 113 pays individuellement, ce premier article ne rapporte des résultats qu'à l'échelle de grandes zones géographiques, en se focalisant notamment sur deux groupes de pays, à savoir les pays concernés par l'annexe B du protocole de Kyoto (grosso-modo les pays développés) et le autres (pays en développement + émergents).

 

importation CO2En ce qui concerne les pays développés, leurs émissions de gaz à effet de serre domestiques, c'est à dire réalisées sur leur territoire ou le territoire d'autres pays développés, ont baissé d'un peu moins de 300 millions de tonnes entre 1990 et 2008, soit à peu près 1/3 des objectifs négociés dans le protocole de Kyoto. En ne regardant que l'Europe, la baisse est légèrement supérieure, mais surtout elle est très proche de ses objectifs. (voir figure de droite, les barres grises, les étoiles représentent les objectifs selon Kyoto).

 

Mais c'est là que la prise en compte des importations vient tout chambouler (barres de couleur : en bleu les importations en provenance de Chine, en vert d'Inde, en orange du Brésil, et en rouge des autres pays en développement, à chaque fois les exportations vers ces pays ont été soustraites) : dans le cas de l'Europe, les échanges vers ces pays correspondent à une hausse des émissions de CO2 de près de 500 millions de tonne ! En résumant, si l'on ne tient pas compte de la production sur le territoire européen mais bien de la consommation, les émissions de CO2 en Europe n'ont pas baissé entre 1990 et 2008, elles ont augmenté !

 

Si l'on s'intéresse à l'ensemble des pays développé, on aboutit ainsi à :

 

* une baisse d'un peu moins de 300 millions de tonne de la production domestique de CO2

* une hausse d'un peu plus de 1,2 milliard de tonnes des "importations de CO2", c'est à dire du CO2 produit dans les pays en développement pour des produits consommés dans les pays développés.

 

Même si cela n'enlève rien au fait que la forte hausse des émissions mondiales entre 1990 et 2008 a été liée au développement économique des pays en développement (+ 7,4 milliards de tonne), cela relativise nos beaux discours vertueux quand au verdissement des économies des pays développés (+ 1 milliard de tonne si c'est la consommation qui est prise en compte)...

 

Tant que le contenu carbone des produits et services ne sera pas intégré dans leur coût, et dans les statistiques pays consommateurs et pas des pays producteurs, la situation a peu de change d'évoluer.

 

Pour les curieux, le graphique ci-dessous indique l'évolution des échanges de CO2 par secteurs (une valeur négative signifie que les produits sont fabriqués dans les pays en développement et consommés dans les pays développés). On voit que l'industrie se paye la part du lion, ce qui correspond bien à l'image que l'on se fait de la délocalisation des industries polluantes et pauvres en valeur ajoutée.

 

importation CO2 par secteur

 

 

voir aussi : empreinte énergétique par pays

 

 

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 21:08

investissement energie verte 2D'après les statstiques publiées à la fin du mois de mars par le Pew Environment Group, les investissements non gouvernementaux dans les énergies vertes (sont également considérées ici comme énergies vertes les agrocarburants (ce qui peut être discuté) et l'efficacité énergétique, mais pas le nucléaire) ont augmenté de 30% en 2010 par rapport à 2009 pour atteindre 243 milliards de dollars (environ 175 milliards d'euros). Sans surprise, ce sont le solaire et l'éolien qui se taillent la part du lion, avec environ 80 milliards chacun (voir la figure de droite, échelle en milliards de dollars).

 

 

 

investissement energie verteCe qui est peut être plus surprenant, c'est le classement des pays qui attirent le plus les investissements privés dans le domaine des énergies vertes. On retrouve donc en tête du classement... la Chine, suivie de l'Allemagne, des USA et de l'Italie (figure de gauche). La France n'occupant qu'une modeste 8e place... Ramené au PIB, c'est l'Allemagne qui occupe cette fois la première place, avec  des investissements correspondants à 1,4% de son PIB, devant l'Italie et la Chine (la France étant 10e avec 0,15%...). Du fait de ces investissements, la Chine concentre à elle seule 50% de la production de panneaux solaires et de turbines éoliennes.

 

Comme il s'agit d'une étude annuelle, il est possible d'effectuer également des comparaisons sur plusieurs années, comparaisons guère plus flatteuses pour la France qui n'apparaît même pas dans le top 10 des plus fortes progressions sur 5 ans.

 

Pour mémoire, l'une des raisons à la baisse des subventions au solaire photovoltaïque en France et à la baisse des tarifs de rachats par EDF était la volonté du gouvernement de ne "pas subventionner des produits Chinois". Et de fait, la majorité de la production de panneaux solaires chinoise est destinée à l'exportation, avec une puissance installée d'à peine 1 GW (ce qui la situe toutefois à peine au-dessous de la France, mais loin derrière l'Allemagne). Jusqu'à récemment, la situation était la même dans le domaine de l'éolien, mais la tendance a fortement évoluée pour mettre la Chine sur la plus haute marche pour la production d'électricité d'origine éolienne, devant les USA. Avec l'objectif du gouvernement Chinois de porter à 20 GW la puissance solaire installée d'ici à 2020, autant dire que la situation devrait également largement évoluer dans ce secteur pour placer la Chine là encore sur la première marche, ou au moins sur la derrière l'Allemagne...

Sachant que globalement la Chine est déjà le pays pour lequel les capacités renouvelables installées sont les plus élevées à 103 GW (presque le double des USA qui figurent sur la 2e marche)... et loin devant la France (9,6 GW) qui aura sans doute bien du mal à atteindre l'objectif fixé de 23% d'énergie consommée d'origine renouvelable... à moins d'y compter le nucléaire comme voulait le faire le gouvernement en jouant avec les mots (renouvelables - non carboné) il y a encore peu de temps.

 

 

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 21:29

Au "palmarès" des pays les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, l'Afrique du Sud se classe dans le top 20, avec des émissions qui se situent entre celles de l'Espagne et de l'Italie avec 430 millions de tonne d'équivalent-CO2 en 2005, en hausse de 15% sur la période 2000-2005. Par habitant, cela représente 9,38 tonnes d'eq-CO2, légèrement au-dessus de ce qu'émet un français. Mais pour un PIB un peu plus de trois fois plus faible que celui de la France, ce qui classe en réalité l'Afrique du Sud parmi les leaders du classement des pires émetteurs de gaz à effet de serre par unité de richesse (l'intensité énergétique de l'Afrique du Sud est extrêmement mauvaise, pire encore que celle de la Russie.

 

Cette situation devrait encore empirer dans un proche avenir avec la mise en service de la centrale de Medupi, située dans la province du Limpopo (au nord-est du pays, voir carte). En effet le pays, du fait de son développement économique rapide, est proche de se retrouver dans une situation de pénurie d'électricité. Et comme il est l'un des plus gros producteurs mondiaux de charbon, avec les 6e réserves mondiales, et qu'à l'heure actuelle sa production de charbon (270 millions de tonnes par an) dépasse notablement sa consommation (193 millions de tonnes par an), le pays a décidé de suivre l'exemple de la Chine et de se tourner vers la production d'électricité à partir de centrales thermiques au charbon. Mais pas n'importe quelle centrale au charbon, juste la plus puissante au monde. Lorsqu'elle sera mise en service, la centrale de Medupi devrait avoir une puissance de 4 800 MW, soit l'équivalent de 4 "gros" réacteurs nucléaires (!) et produire le quart des besoins actuels du pays en électricité. (ci dessous l'état actuel du chantier, débuté en 2007, avec une mise en service des 6 tranches prévues pour s'étaler de 2012 à 2015).

 

Medupi central

 

d'autres photos du chantier peuvent être vues ici.

 

Lorsqu'elle aura atteint son rythme de croisière, avec une durée d'exploitation prévue de 50 ans, elle utilisera annuellement de l'ordre de 17 millions de tonnes de charbon (environ 0,4% de la production mondiale à elle seule) et émettra environ 30 millions de tonnes de CO2 par an. A elle seule elle fera augmenter de 0,6 tonnes par an les émissions individuelles des africains du sud. (pour des chiffres détaillés, voir ce document de la banque africaine de développement. Ce qui rend complètement irréaliste les objectifs de réduction des émissions de CO2 annoncées à Copenhague par l'Afrique du Sud.

 

Au delà du signal, disons plutôt ... négatif, dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, la particularité de ce projet, qui n'a dans l'absolu rien de bien différent hormis la taille de ce qui se fait en Chine, est son mode de financement. Le coût total de ce projet est estimé à 11 milliards d'euros (on peut au passage s'interroger sur tout ce qu'il aurait été possible de faire avec un tel montant qui puisse être plus "vert") et sur ces 11 milliards, 4 environs vont être apportés par la Banque Mondiale et par la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale ayant même classé le projet parmi les mécanismes de développement propre (!). Cette dernière a également effectué un prêt de plus de 3 milliards d'euros à Eksom, le maître d'oeuvre du projet. Avec une communication axée sur le fait que le prêt servira également au développement des énergies renouvelables (à hauteur de 7%, on se rassure comme on peut).

On peut noter au passage que la France tirera son épingle du jeu dans l'histoire puisque Alstom a obtenu un marché de 100 millions d'euros pour de l'instrumentation et des systèmes de régulation, et que le Crédit Agricole figure parmi le pool de banques privées ayant accordé des prêts à Eksom.

Le seul point positif est que le soutien de la Banque Mondiale à ce projet a soulevé des oppositions parmi ses principaux contributeurs, qui souhaite que ce soit le dernier projet de ce type qu'elle finance. Ce qui ne les a pas empêché de le soutenir.

 

 

articles liés :

 

* La fin programmée du charbon bon marché ?

* prolongation des subventions européennes au charbon

* Place du charbon dans la production européenne d'électricité

 

 

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 21:24

consommation mondiale charbon80% environ de la production chinoise d'électricité est issue de centrales à charbon. Aux USA, cette proportion est d'environ 55%, et en Europe d'un peu moins de 30%. L'argument phare de la hausse de la consommation de charbon ces dernières années, principalement en Chine, (voir figure de droite) est son caractère bon marché, nettement moins cher que le pétrole ou le gaz naturel à contenu énergétique égale. Par ailleurs selon ses promoteurs, les réserves mondiales seraient suffisantes pour tenir plus d'un ou deux siècles, et tant pis pour les émissions de CO2 engendrées. Cette hausse ne se cantonne pas à la Chine, puisqu'en Europe une 40 de nouvelles centrales à charbon ont été construites, mises en chantier ou programmées depuis 2008.

 

Il y a quelques jours, la revue scientifique Nature a publié un article selon lequel des projections récentes montreraient que la situation est loin d'être aussi idyllique, et que l'on pourrait s'acheminer rapidement vers un "pic du charbon", analogue au pic pétrolier, c'est à dire un moment où la production de charbon va atteindre son maximum avant de décliner lentement, entraînant une hausse rapide des prix (une étude "pessimiste" parue au début de l'année dans la revue scientifique Energy prévoirait même ce pic pour l'année prochaine).

 

reserves mondiales de charbonLa figure ci-dessous montre les réserves de charbon des 10 plus importants pays producteurs, la partie grise représente le charbon de meilleure qualité (contenu énergétique le plus important), la partie rouge celle de moins bonne qualité. La part de meilleure qualité tend à s'épuiser plus rapidement.

 

Dans le cas de la Chine, des projections basées sur les réserves déclarées par le gouvernement chinois (il y a donc peu de chance qu'elles soient sous-estimées) prédisent un maximum de production pour 2015. Une étude chinoise plus optimiste le prévoie pour 2025. Mais la durée de vie d'une centrale se mesurant en dizaine d'années, ce pic est de toute manière très proche. Si la situation particulière de la Chine est scrutée avec autant d'attention, c'est qu'elle va bientôt représenter à elle seule la moitié de la consommation mondiale. Et cette consommation devrait continuer à croître à un rythme rapide dans les années qui arrivent. En effet, le gouvernement chinois prévoit une augmentation de la population urbaine de 350 millions d'habitants dans les 15 prochaines années. Cette croissance va nécessiter des quantités extrêmement importantes de cuivre, d'acier, d'aluminium, de ciment... des matières premières dont la production repose en grande partie sur le charbon ! Les analystes chinois prévoient une hausse de la consommation de charbon du pays de 700 millions de tonnes par an, juste pour réponse à ce besoin d'urbanisation.

 

Du côté de la production, le pays possédant les réserves les plus importantes est les USA. Mais la production américaine a déjà dépassé son "pic du charbon" depuis plus de 10 ans : en terme de volume, la production américaine continue d'augmenter, mais avec un charbon de moins bonne qualité, ce qui fait qu'en terme "énergétique" c'est production est en réalité à la baisse. Des études récentes ont ainsi montré que les réserves américaines de charbon de la meilleure qualité diminue à une vitesse très élevée.

 

A l'échelle mondiale, la conclusion des auteurs est que la production ne sera plus suffisante pour satisfaire à la demande à l'échéance 2020, et que les états doivent d'ors et déjà se préparer à une hausse importante des prix (les cours du charbon sont moins médiatisés que ceux du pétrole, mais on peut tout de même remarquer que le prix de la tonne a augmenté de plus de 30% depuis le début de l'année pour le charbon de meilleure qualité, à plus de 100€ la tonne fin novembre).

Surtout, toujours selon les auteurs, les gouvernements doivent se poser sérieusement la question de savoir s'il est réellement utile d'investir des sommes très importantes dans des prototypes de dispositifs de stockage du CO2 en sortie de centrale thermique, plutôt que d'allouer ces sommes à l'amélioration de l'efficacité énergétique de nos économies et au développement des énergies renouvelables.

 

Les parlementaires européens ont d'ailleurs peut-être eu les oreilles qui ont sifflé ces derniers jours. Alors que les énergies fossiles sont déjà nettement plus subventionnées que les énergies renouvelables, le parlement européen a voté la prolongation jusqu'en 2018 des subventions aux mines de charbon européennes, qui devaient cesser cette année (la commission proposait 2014). Ce sont donc plusieurs milliards d'euros par an qui vont continuer à être gaspillés dans des subventions aux mines déficitaires, pour défendre l'emploi, plutôt que d'aider à la sortie de ce secteur et à la reconversion de ceux qui y travaillent.

 

sur le même thème, voir aussi :

 

la production mondiale de charbon a augmenté en 2008 

Le charbon

Place du charbon dans la production européenne d'électricité

Quand la Chine importe massivement du charbon

 

 

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16 novembre 2010 2 16 /11 /novembre /2010 21:36

Nous approchons doucement du premier anniversaire de la conférence de Copenhague, qui devait sauver le monde et a accouché d'une souris. Parmi les quelques menus résultats qui sont sortis de ces négociations figurait la mise en place d'un financement des pays du Sud par les pays développés pour les aider d'une part à faire face aux conséquences du réchauffement climatique et d'autre part à s'orienter vers un développement plus "vert" que celui qui a été le nôtre.

 

D'un montant "recommandé" de 150 à 200 milliards de dollars, les négociations avaient fini par aboutir à une promesse des pays les plus riches d'engager 30 milliards de dollars d'ici à 2012 dans un fond "Fast start finance". Un tiers du délai s'est maintenant écoulé, il est temps de faire un premier bilan.

 

Afin de mieux suivre l'évolution des financements réels, tant en termes de pays donateurs que de bénéficiaires, un site web indépendant a été mis en place par un groupe de pays (parmi lesquels on peut citer pour les pays développés l'Allemagne, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni) avec les soutiens de la banque mondiale et de l'ONU. Il peut être consulté à l'adresse : http://www.faststartfinance.org/.

 

Mi-Novembre, sur les 30 milliards de dollars pévus ce seraient 6,4 milliards d'euros (soit environ 9 milliards de dollars)  qui auraient été promis, principalement par des pays européen auxquels se joint le Canada, et sur ces milliards promis ce seraient seulement 2,5 qui auraient été réellement engagés dans des actions, principalement par la France et le Royaume-Uni.

 

 

Le Think Tank World Resources Institutes (http://www.wri.org/) publie également régulièrement des analyses des fonds promis et engagés par les pays développés pour aider les pays du Sud. Le périmètre décrit n'est pas exactement le même puisqu'il intègre également des fonds promis avant Copenhague, mais il a l'avantage de donner une vision des circuits de financement tels qu'ils existent actuellement.

D'après l'analyse la plus récente (à mi-octobre), les financements promis par les pays développés atteindraient 29 milliards de dollars environ à la fin 2010, le principal pays donateur étant le Japon (qui n'apparait pas dans les tableaux de faststartfinance.org parce que ses financements ont été promis quelques semaines avant Copenhague). Même si une partie importante de ces 29 milliards est constituée de fonds qui avaient été promis en 2008 ou 2009, cette analyse permet d'avoir une vision un peu plus vraie des investissements. Même si les promesses faites après Copenhague concernaient des financements nouveaux.

 

Le bilan, comme souvent, est qu'on peut voir le verre à la fois à moitié vide ou à moitié plein. Certes des financements commencent à être débloqués, avec des montants plutôt en augmentation. Mais une faible partie seulement concerne des engagements nouveaux, et si la voie semble raisonnablement bien engagée vers le respect de la promesse de 30 milliards de financements nouveaux d'ici à 2012, il ne faut pas oublier qu'il s'agissait d'une promesse a minima, bien loin de ce qui serait nécessaire.

 

 

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 21:18

Renault magnum ndIl y a quelques jours, les ministres européens des transports ont voté (de justesse) la possibilité pour l'état de taxer les poids lourds traversant leur territoire. Rien n'est définitif à l'heure actuelle, puisque la mesure doit maintenant être débattue au parlement européen.

 

La mesure est assortie d'exceptions et de mesures transitoires. Les poids-lourds "légers" (moins de 12 tonnes)  les moins polluants seront ainsi exemptés de cette taxe pendant 4 ans.

 

Dans le détail, il s'agit d'une taxe facultative, les états auront donc la liberté de l'appliquer ou non. Elle concernera uniquement les axes transeuropéens pour lesquels un péage est déjà acquité, donc grosso modo pour la France les autoroutes, et ponts ou tunnels à péages. Elle ne pourra pas excéder 4 centimes d'euro par kilomètre.

Sachant qu'en moyenne, les péages tournent autour de 15 à 20 centimes du kilomètre pour les camions, cela correspond à une hausse de 20 à 25% des péages.

 

Si cette mesure en reste là, il est difficile de s'enthousiasmer. Certes il s'agit d'un premier pas dans la taxation du transport routier (rappelons que ce secteur génère à lui seul environ 16% des émissions européennes de CO2), et espérons le un début de réorientation du fret vers le fluvial ou le ferroviaire.

Mais d'un autre côté la mesure est facultative (l'Espagne et l'Italie, notamment, y étant opposés, ne risquent pas de l'appliquer), ne touchera que les autoroutes, et ce de manière assez faible (même s'il n'est pas négligeable, le prix des péages ne constitue pas une part très importante dans le coût du transport par la route). Il y a donc peu de chance qu'elle suffise à donner une impulsion importante vers une réorganisation du transport européen de marchandises. Un résultat mitigé en quelques sortes, là où une eurovignette touchant tous les poids lourds au prorata de leurs émissions de CO2 (et incluant le kilométrage annuel effectué) aurait sans doute été plus efficace...

 

 

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 22:01

Windmills D1-D4 (Thornton Bank)Un lieu commun très répandu veut que l'énergie éolienne soit une énergie très subventionnée. C'est effectivement quelque chose qui était vrai par le passé : selon les chiffres de la commission de régulation de l'énergie, en 2003, la filière éolienne française a perçu 31 milions d'euros au travers du tarif de rachat garanti, pour une production totale d'environ 1 TWh (terrawattheure = 1 milliard de kilowattheures) soit 52 € par megawattheure (1 MWh = 1000 kWh), un peu plus de 5 centimes d'euros par kWh. En 2009, ces subventions ont augmenté jusqu'à atteindre 107 millions d'euros, soit une progression de 345%.

 

Cette progression peut sembler très importante, mais dans le même temps la production totale d'électricité éolienne a été multipliée par 8, avec 8 TWh. Par unité d'énergie produite, la part des subventions a donc en réalité diminué, à 14 € par megawattheure, soit environ 1,4 centime d'euros par kWh.

 

La raison de cette baisse est simple : le prix de revient de l'électricité éolienne tend à diminuer, du fait de l'arrivée à maturité de la filière, alors que parallèlement le prix de gros de l'électricité augmente. Le tarif de rachat de l'électricité éolienne se rapproche donc mécaniquement de plus en plus du prix du marché.

 

Si effectivement la filière a pris son essor grâce à des subventions, on est donc loin aujourd'hui d'avoir avec l'énergie éolienne une énergie fortement subventionnée.

 

 

Oil platform

 

En revanche, il est une chose que l'on sait beaucoup moins, c'est que les énergies fossiles sont elles massivement suventionnées dans le monde.

 

Des travaux récents réalisés à l'université de Californie - San Diego, dans le cadre d'une étude du global subsidies initiative de l'Institut International pour le développement durable, montre que les subventions aux énergies fossiles représentent de l'ordre de 500 milliards de dollar (environ 400 milliards d'euros) à l'échelle mondiale (étude accessible ici), dont une part importante va aux producteurs. Il y a une vingtaine d'année, une étude de la banque mondiale faisait état d'environ 200 milliards de dollar de l'époque. Ainsi par exemple, en 2006 l'Allemagne aidait encore ses producteurs de charbon à hauteur de 6.6 milliards d'euros.

 

Malheureusement, il n'existe pas d'organisme international de contrôle de ces subventions, si bein qu'il est impossible d'avoir un état des lieux détaillé et une idée de leur évolution dans le temps. Ce qui est certain cependant, c'est que le montant total de ces subventions dépasse très largement tout ce qui peut être alloué aux énergies propres, dont on stigmatise pourtant souvent le coût pour la société...

 

 

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