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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 21:16

Coral reef in Ras Muhammad nature park (Iolanda reef)On savait déjà le corail en danger du fait de l'acidification des océans liée à l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère (j'ai prévu écrire un article sur ce phénomène dans un futur proche).

 

Une étude parue récemment dans la revue scientifique Science montre qu'il serait également très vulnérable à une augmentation de la température des eaux de surface de ces mêmes océans. Rappelons que les récifs coralliens constituent des milieux particulièrement riches en biodiversité, et que leur dégradation pourrait entraîner des pertes considérables tant au niveau de cette biodiversité que des ressources halieutiques.

 

Plus précisément, l'étude d'un récif corallien de la mer rouge a mis en évidence une corrélation entre la hausse de la température de surface des eaux et une diminution de la vitesse de croissance du squelette de carbonate de calcium du corail.

Hors, pour qu'un récif corallien puisse perdurer, il faut que la vitesse de croissance de son squelette minéral soit au moins égal à sa disparition du fait de l'érosion. La croissance de ce squelette est limité par l'apport d'un "carburant" généré par photosynthèse par une algue vivant en symbiose avec le corail, la zooxanthelle. Cette algue constitue en quelque sorte le réservoir de carbone du corail, qui lui permet de croître.

Cependant, passé un certain seuil de température, le rendement de photosynthèse de la zooxanthelle se met à diminuer, réduisant d'autant l'apport en carbone pour le corail, et limitant de fait ses possibilités de croissance. Et ce bien avant que n'apparaissent des phénomènes de blanchiment du corail.

 

La figure de gauche ci-dessous montre ainsi les variations de la vitesse de croissance du squelette carboné du récif corallien étudié (le zéro correspond à la moyenne 1950-2000) en fonction des variations de températures estivales (le zéro correspond là encore à la moyenne 1950-2000). Au début des années 1940, un réchauffement temporaire des eaux de surfaces a conduit à une diminution de la vitesse de croissance du squelette du corail, mais il a été compensé par un refroidissement lui aussi temporaire. En revanche, depuis le milieu des années 1990, la vitesse de croissance a toujours été inférieure à sa moyenne 1950-2000 du fait d'eaux plus chaudes (figure de droite), et la tendance semble aller en s'accélérant.

 

coral growth anomaly

coral growth vs temperature

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En utilisant un modèle optimiste du GIEC pour l'évolution des températures sur les décennies à venir, et en extrapolant les données obtenues sur la dépendance en température de la vitesse de croissance, les auteurs de l'étude indiquent que cette vitesse pourrait devenir nulle dès 2060-2070 (et ce sans prendre en compte l'acidification des océans, elle même un facteur très négatif). Rappelons que cette vitesse n'a pas besoin d'être nulle pour que le récif corallien soit en danger, il suffit qu'elle soit inférieure à la vitesse de dégradation due à l'érosion...

 

La conclusion des auteurs de l'article est assez nette : "Les données disponibles montrent que sans une diminution rapide et importante des émissions de gaz à effet de serre en dessous des modèles du GIEC, les pressions sur le corail due au stress thermique conduiront certainement à des détérioration des récifs coralliens de la mer rouge d'ici à la fin du siècle".

 

Et la situation est sans doute transposable aux autres océans et mers de la planète...

 

 

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