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15 septembre 2009 2 15 /09 /septembre /2009 21:15
En début de mois, on a appris que la Chine allait investir 1,7 milliards de dollar au Canada dans l'exploitation des schistes bitumineux au travers de l'entreprise Petrochina, détenue par le gouvernement de Pékin.
Cet investissement marque sans doute le début de grandes manoeuves dans ce domaine, en prévision de la hausse à venir des prix du pétrole liée à sa raréfaction. En effet, si on les convertit en "équivalents barrils de pétrole", les réserves canadiennes de schistes bitumineux représentent environ 175 milliards de barrils, soit un peu plus de 5 ans et demi de consommation au rythme actuel. Elles pourraient faire du Canada le deuxième pays mondial pour ses réserves, derrière l'Arabie Saoudite.

  • Quel rapport entre les schistes bitumineux et des barrils de pétrole ?

Ces schistes sont un mélange de bitume (forme très visqueuse quasi solide de pétroles lourds), de sable, d'argiles et d'eau. Avec un traitement approprié, on peut en extraire du syncrude, une variété de pétrole.

  • L'existence de ces réserves canadiennes constitue donc une bonne nouvelle ?

ça dépend du point de vue.
Effectivement, 5 ans et demi de consommation supplémentaire à l'heure où la ressource se raréfie, ce n'est pas négligeable. Et l'exploitation de ces réserves devient rentable à partir d'un seuil d'environ 70 $ par barril de pétrole.

En revanche d'un point de vue environnemental, la situation vire à la catastrophe. D'une part les réserves canadiennes sont pour une bonne partie d'entre elles situées dans des réserves naturelles ou au moins dans des zones à écosystèmes sensibles, notamment dans l'Alberta. Et 5 ans et demi de consommation de pétrole supplémentaire, c'est 5 ans et demi de plus d'émissions de CO2. Et même encore pire que ça :
La transformation des schistes bitumeux en un pétrole commercialisable est très lourde industriellement. D'abord la majeure partie de ce qui est extrait n'est pas du bitume mais du sable, le bitume ne représentant que 10-15% du minerai, et doit d'abord être séparé. Le Bitume doit ensuite être traité par craquage à 500°C environ, puis subir un ajout d'hydrogène (qui doit lui-même être produit au préalable), avant une dernière étape de purification. Procédés induisant donc une consommation d'énergie importante.
Et pour aboutir à un pétrole de moins bonne qualité :
Globalement, l'utilisation d'une tonne de pétrole conduit à l'émission de 3 tonnes de CO2. A énergie équivalente, l'utilisation d'une tonne équivalent pétrole de schistes bitumeux conduit à l'émission de 4,5 tonnes de CO2, soit 50% de plus. Le taux d'émission à énergie équivalente est même nettement supérieur à celui du charbon ! (voir figure ci-dessous).



Les réserves canadiennes de schistes bitumineux "contiennent" donc autant de CO2 que le pétrole consommé dans le monde en 8 ans et demi...
Pas sûr que leur exploitation soit le meilleur chemin pour contribuer à réduire nos émissions de gaz à effet de serre...



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