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11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 20:57

11 mars 2009, sur le marché européen d'échange des crédits d'émission (la bourse où s'échange les émissions de carbone des industries européennes les plus grosses émettrices), la tonne de carbone s'échange autour de 11€.

L'été dernier, elle s'échangeait trois fois plus cher environ, les cours s'effondrent avec la crise et le ralentissement de l'économie. Il devient donc beaucoup moins intéressant pour les entreprises d'investir dans des technologies plus propres de manière à diminuer leurs émissions de CO2, ou dans les mécanismes de compensation qui leurs sont proposés par lesquelles elles peuvent compenser leurs émissions en Europe en investissant dans des technologies propres dans des pays en développement.

Dans la courte histoire de la bourse européenne du CO2, c'est la seconde fois que l'on assiste à un effondrement des cours. Le premier avait eu lieu lors de la transition entre la première version du marché (qui concernait un nombre assez réduit d'industries) et la version actuelle, plus vaste. Les quotas d'émission avaient été attribués par chaque état à ses entreprises et gratuitement (!). Evidemment, la plupart des états avaient cherché à minimiser l'impact des quotas sur leurs propres industries et avaient été très généreux. Tellement généreux que les entreprises n'avaient aucun mal à respecter les quotas, parce qu'elles émettaient moins que les droits qu'elles détenaient ! D'où un effondrement de la valeur de la tonne de carbone. (voir l'article publié à l'époque par actu-environnement)

Ce premier effondrement des cours en 2006 (lié au fait que ce type de marché d'échange s'établit sur la base de compromis entre états, et entre pouvoirs publics et entreprises) et celui auquel nous assistons actuellement (ou quand la crise économique autorise à polluer pour moins cher) montrent les limites de ce type de système. La plupart des experts estiment que nos émissions de CO2 doivent être divisées au moins par 4 au cours des 40 prochaines années pour que l'impact du réchauffement climatique soit "tolérable". L'histoire semble démontrer que le seul recours au marché pour atteindre cet objectif est parfaitement utopique.

Dans le cadre des premières négociations, en préambule du sommet de Copenhague prévu pour la fin de l'année, un climatologue reconnu, James Hansen (il dirige l'Institut Goddard d'études spatiales de la Nasa, une référence dans le domaine du climat), et un économiste de Yale, William Nordhaus, appèlent au remplacement des bourses carbone par une véritable taxe sur les émissions. Taxe seule capable selon eux d'apporter une réponse à court terme (pas de longue négociation pour établir des compromis quant aux quotas d'émission). Une telle taxe serait en plus pédagogique, puisque proportionnelle aux émissions réelles, et les montants récoltés par son intermédiaire pourraient apporter une source de financement cruciale pour le développement des technologies propres.

 

Espérons qu'ils puissent convaincre les dirigeants auxquels leur message s'adresse.

 

 

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